Rencontre Visio (TB)

1        La rencontre en synchronie audiovisuelle (première séance Skype)

Une semaine après l’interaction par tchat, les participants se retrouvent à nouveau, cette fois en interaction vidéo. Cette dernière se réalise en trinômes formés à partir des précédents échanges. Hernando et Elaine ayant précédemment conversé ensemble forme un groupe auquel s’adjoint Carly. N’ayant jamais interagi par Skype auparavant, les participants doivent se mettre en contact sur cette plateforme numérique avant de pouvoir s’appeler. Nous observons alors trois séquences d’entrée en interaction précédemment identifiées : l’entrée en contact, la pré-ouverture, l’ouverture.

Nous nous proposons d’étudier ces séquences à partir des vidéos d’enregistrement d’écran et de caméra d’Hernando – en cette première séance Skype, les participantes de Berkeley ne sont pas parvenues à enregistrer leur écran.

HV1O_Im1_hen_ecran_visio_A.pngHV1O_Im1 : Séance visio Trinôme B (capture écran Hernando)

HV1O_Im2_hen_cam_ext_AHV1O_Im2 : Séance visio Trinôme B (caméra externe Hernando)

HV1O_Im3_multiplan_AHV1O_Im3 : Séance visio Trinôme B (montage multicam)

1.1       Organisation séquentielle de la première interaction vidéo

1.1.1      Organisation séquentielle de l’ouverture d’interaction vidéo

L’extrait vidéo incluant les séquences d’entrée en contact, pré-ouverture et ouverture est le suivant[1] :

HV1O_V0 : Ouverture Trinôme B première visio 

1.1.1.1     L’entrée en contact

Comme observé précédemment, il est nécessaire pour les participants d’appartenir à leur liste respective de contacts afin d’être en mesure de lancer un appel vidéo. Ce sont les participants de Berkeley qui initient l’entrée en contact avec le participant de Lyon.

Sous-séquence 1 : Identification sur l’espace numérique

Cette première sous-séquence n’a pas fait l’objet d’un enregistrement vidéo par les participants. Elle n’en demeure pas moins indispensable pour la suite de la rencontre. L’identification dans l’espace numérique constitue le préalable à toute activité en ligne sur la plateforme. L’interaction se réalisant ici à deux-écrans-trois-participants, seuls deux d’entre eux réalisent cette identification, Hernando et Carly.

Sous-séquence 2 : Réglages de l’espace numérique

Bien que les participantes n’aient pas procédé à un enregistrement vidéo de la séance, les traces de la sous-séquence de réglages de l’espace numérique sont visiblesHV1O_Im4_avatar_ce_A a posteriori par leur avatar. Il s’avère en effet que Carly et Elaine ont personnalisé le compte Skype en se prenant en photo en début de séance ; laissant apparaître les deux participantes sur le compte de l’une d’elle. Cette apparition est toute relative en ce que Carly et Elaine n’ont pas réalisé un cadrage permettant de rendre entièrement visibles les deux visages.

Sous-séquence 3 : Recherche de l’interlocuteur

Une fois identifiés par la plateforme, les participants doivent s’identifier l’un l’autre. Il s’agit, à cet effet, de retrouver l’identifiant plateforme correspondant à l’identité du participant recherché. Ce sont Carly et Elaine qui procèdent à cette recherche sur Skype. Et celle-ci se trouve facilitée par le choix d’Hernando d’inscrire son identité civile pour identifiant Skype – et non la recommandation d’identification générique « etulyon1 »[2].

Sous-séquence 4 : Acte de requête (demande d’ajout du contact)

Le compte Skype d’Hernando repéré, Carly et Elaine ont initié l’acte de requête d’ajout en contact. Contrairement à Judy et Sharmila dans leur demande de contact auprès d’Elise, Carly et Elaine n’émettent pas le technodiscours-plateforme pré-rédigé. Elles suppriment cet énoncé se proposant d’en rédiger un plus personnalisé « Bonjour ! On travaille ensemble pour le cours pédagogique. A très bientôt ! – Carly et Elaine. » suivi de la signature automatique « Carly Steel ».

Sous-séquence 5 : Réception/Lecture/Acceptation de la requête par le co-participant

La production verbale d’acte de requête de contact émise par Carly et Elaine est signalée sur l’écran d’Hernando par un pop-up. Hernando verbalise ce signalement « euheuh j’ai j’ai une demande déjà ». Il identifie alors l’origine de la requête à partir de l’identifiant du requêteur « c’est Carly ». En cliquant sur l’identifiant technosigne apparu « Carly Steel », Hernando accède aux détails de la requête : nom, avatar, phrase d’accroche précédée d’un commentaire plateforme « Carly Steel désire se connecter avec vous ». Trois actèmes potentiels à cette requête lui sont disponibles : bloquer, refuser, accepter. Le clic sur l’icône d’acceptation de la requête génère un nouvel énoncé-plateforme – un méta-commentaire indiçant l’actème d’Hernando « Hernando Almeida a partagé ses détails de contact avec Carly Steel ». Par ailleurs la visibilité actémique de Carly est débloquée – connexion passant de l’icône grisée à l’icône verte et blanche « déconnecté ».

HV1O_V1 : Entrée en contact Carly-Hernando

La séquence d’entrée en contact se trouve donc initiée par Carly et Elaine et fait l’objet des sous-séquences précédemment observées : l’identification sur l’espace numérique, le réglage de l’espace numérique, la recherche de l’interlocuteur, l’acte de requête de contact et l’acceptation de cette requête. Au cours de cette séquence d’entrée en contact, la plateforme n’indice automatiquement que Carly et Hernando. Néanmoins, Carly et Elaine œuvrent à se rendre toutes deux présentes à l’écran en personnalisant l’entrée en contact avec Hernando notamment par la prise de photo conjointe choisie pour avatar et la rédaction d’un message signé de leurs deux noms. Avant l’appel vidéo, Hernando peut avoir connaissance de la présence de deux locutrices derrière le compte de Carly, à condition de prêter attention à ces marques de personnalisation – ce que ne semble pas démontrer sa verbalisation « c’est Carly ».

1.1.1.2     La pré-ouverture

L’entrée en contact des participants sur Skype étant ratifiée de part et d’autre de l’écran, il leur est désormais possible d’émettre un appel vidéo. L’appel est émis par Carly et Elaine à destination d’Hernando. L’émission de l’appel constitue la préouverture de l’interaction et se réalise au moyen de plusieurs sous-séquences.

Sous-séquence 1 : Choix et identification de l’autre comme futur partenaire de l’interaction

La requête de contact de Carly et Elaine ayant été ratifiée par Hernando, s’initie la préphase de repérage et décision de saluer. Les deux participantes de Berkeley sélectionnent le compte Skype d’Hernando et cliquent sur l’icône de lancement d’appel vidéo.

Sous-séquence 2 : Organisation de la convergence

Approche initiale

Le lancement de l’appel par Carly et Elaine modifie l’aspect de l’interface et le flux de connexion entre leur compte Skype et celui d’Hernando réduit la distance entre ces participants. Durant le temps de lancement de l’appel, avant qu’il ne soit reçu et éventuellement accepté par Hernando, Carly et Elaine ont la possibilité d’ajuster leur apparence visuelle à l’écran (notamment en cadrant technico-corporellement le champ de la webcam) et leur perception auditive (notamment en enfilant leur casque).

Salutation distante

L’appel lancé par Carly et Elaine est signalé sur l’écran d’Hernando par l’apparition d’un pop-up accompagné d’une sonnerie. Le pop-upHV1O_Im5_popup_appel_A s’intitule « appel entrant » et porte l’identème réel de l’appelant formé de son nom et son avatar ainsi que les actèmes potentiels de rejet de l’appel (icône rouge) ou à l’inverse d’acceptation vidéo (icône verte de camera) ou uniquement audio (icône verte de téléphone). Il revient à Hernando de répondre positivement ou non à ces salutations distantes initiées par ses co-participantes.

Sous-séquence 3 : Construction d’un espace-interactionnel commun

Approche finale

À la vue de la salutation distante de Carly et Elaine, Hernando répond positivement en cliquant sur l’icône d’acceptation de l’appel et verbalise son actème « ah il y a quelqu’un qui m’appelle je réponds ». Hernando clique toutefois plus spécifiquement sur l’icône d’appel audio n’autorisant pas l’accès à sa vidéo. À l’acceptation de l’appel, la plateforme change d’apparence consacrant la majeure partie de l’interface à l’appel en cours. Les avatars apparaissent au centre de l’écran et l’audio est immédiatement disponible, induisant une première forme de salutation – verbale audio-réactive. Dès la connexion effective, l’avatar de Carly et Elaine laisse place à leur vidéo en synchronie. La révélation de la vidéo de ses co-participantes conduit Hernando à produire un nouvel actème : l’autorisation de sa propre vidéo, en cliquant sur le technosigne de caméra jusqu’alors barré. Les vidéos révèlent les visages des interactants en synchronie ; les regards convergent et des sourires sont émis. Notons que la construction de l’espace interactionnel commun passe également par un ajustement technico-corporel de part et d’autre de l’écran. En l’occurrence, l’apparition vidéo de Carly et Elaine révèle l’activité d’ajustement de leur perception audio par le réglage de leur casque et très probablement du volume. L’arrangement semble réalisé par Carly mais en coopération avec sa co-participante ; Carly vérifiant sa réussite auprès d’Elaine « est-ce que c’est mieux/ – ouais ça va ».

HV1O_V2 : Approche finale

La séquence de préouverture menée par les trois interactants consiste donc à choisir et identifier le futur interlocuteur par la préphase de repérage et décision de saluer, organiser une convergence entre eux par l’approche initiale (connexion d’appel) et la salutation distante (sonnerie de réception d’appel) et enfin à construire un espace interactionnel commun par l’acceptation de l’appel d’une part et les ajustements technico-corporels d’autre part. Chacun des acteurs – Carly, Elaine, Hernando, la plateforme, les artefacts – jouent un rôle majeur dans cette entrée progressive en interaction, tous étant indispensables à sa conduite.

1.1.1.3     L’ouverture

Les interactants sont désormais en situation de face à face physico-numérique ; Carly et Elaine d’une part et Hernando d’autre part. Il s’agit alors maintenant pour eux d’ouvrir la conversation.

Sous-séquence 1 : Salutations Rapprochées et complémentaires

Si nous avons observé une première forme de salutation en pré-ouverture – verbale audio-réactive – une nouvelle salutation initie la séquence d’ouverture d’interaction – verbo-mimo-gestuelle et vidéo-réactive cette fois. En effet, à l’apparition vidéo synchrone d’Hernando, Carly émet une salutation rapprochée avec FNA « bonjour Hernando » accompagnée d’un sourire et d’une salutation de la main. Ce waving est échoïsé par Elaine qui l’associe à une verbalisation « bonjour ». Hernando répond mimo-verbalement à ces salutations – « bonjour » en souriant. À ces salutations rapprochées succèdent des salutations complémentaires initiées par Hernando « ça va/ » auxquelles les deux interlocutrices répondent en chevauchement de manière positive et succincte « oui » et « oui ça va » avant que Carly ne renvoie la salutation complémentaire « et toi/ ». Hernando répond positivement « très bien » avant d’initier une nouvelle sous-séquence.

HV1O_V3 : Salutations rapprochées

Sous-séquence 2 : Présentations

Bien qu’Hernando ait clairement été identifié par ses interlocutrices – comme l’indique notamment la FNA dans la salutation de Carly – il apparaît nécessaire pour lui de procéder à des présentations. En effet, la participante entrée ici en contact avec lui numériquement, Carly, n’est à ce stade de la rencontre visiblement pas connue d’Hernando qui n’a pas interagi précédemment avec elle et dont il n’a semble-t-il pas lu la présentation sur forum. Hernando invite alors ses interlocutrices à se présenter à lui « alors euh vous euh est-ce que vous pouvez vous présenter » et justifie sa demande « parce qu’on ne se connaît pas ». Cette justification incluant l’ensemble des participants révèle qu’Hernando n’a pas perçu les indices lui révélant qu’il a précédemment fait la connaissance de l’une des interlocutrices – notamment la signature d’Elaine dans la demande de contact. Aussi, bien que la demande de présentation soit validée par les deux interactantes (« oui c’est ça » par Carly et « oui très bonne idée » pour Elaine), Elaine veille-t-elle à inscrire son identité dans son histoire conversationnelle avec Hernando « moi je je suis Elaine on a parlé la semaine euh dernière ». Ce rappel identitaire d’Elaine est ratifié par Hernando « ah oui c’est vrai » qui toutefois poursuit par un énoncé rituellement réservé à une première rencontre « enchanté » révélant que cette nouvelle forme interactionnelle par laquelle se manifestent les corps, est perçue comme une nouvelle rencontre. L’intérêt d’Hernando se porte ensuite sur sa seconde co-participante et se manifeste par un détournement de son visage et de son regard d’Elaine vers Carly. Cette dernière se présente mimo-verbalement « et euh moi je suis Carly » avec une mimique particulière, exprimant l’appréhension probablement liée au fait que Carly ne sait pas si Hernando a pris ou non connaissance de sa présentation. La réponse d’Hernando par une formule de politesse uniquement « enchanté » atteste de sa probable méconnaissance de l’identité de l’interactante. Notons qu’à chacune des présentations de soi, la locutrice s’auto-pointe et est pointée par sa co-participante, cherchant ainsi à se distinguer l’une de l’autre bien que partageant un même écran et un même compte Skype.

HV1O_V4 : Présentations

Sous-séquence 3 : Nouvelles salutations complémentaires

Carly et Elaine ayant accédé à la demande de présentations d’Hernando, reprennent les salutations complémentaires déjà produites une première fois. La valeur de celles-ci diffère des précédentes en ce que les interactants ont désormais connaissance de leurs interlocuteurs. Carly interroge donc de nouveau Hernando « tu vas bien/ » qui développe cette fois sa réponse « ouais ouais ça va euh malgré un petit peu le froid qui qu’il faisait euh ça va (rire) ». Cette SPP d’Hernando conduit à un small talk météorologique. Ce small talk met en exergue d’une part le séjour de Carly à Lyon l’année précédente et d’autre part le lieu de résidence d’Hernando extérieur à Lyon. Si cet identème d’Hernando est bien connu d’Elaine de par ses précédentes interactions avec lui, il est étranger à Carly. Sa virtualisation auprès de cette dernière se réalise alors en deux temps. En premier lieu Hernando indique ne pas vivre à Lyon « après je ne peux pas trop dire parce que comme je n’habite pas là ». Cette première partie d’identème est actualisée par Carly « d’accord ». Et en second lieu c’est Elaine qui prend en charge la virtualisation de l’identème d’Hernando « il est à Strasbourg » en regardant Carly qui exprime alors sa surprise. L’identème d’Hernando est dès lors actualisé et réelisé par Carly qui en fait avec lui un topic conversationnel géographique et météorologique.

HV1O_V5 : nouvelles salutations complémentaires

Sous-séquence 4 : Reconfiguration de l’espace-temps interactionnel

L’ouverture d’interaction se trouve bien avancée. Il serait possible pour les participants de progresser vers le corps de l’interaction, comme le souligne les conclusifs émis par Carly « excellent ben ». Néanmoins cette dernière émet d’abord une évaluation positive du mode interactionnel « c’est un plaisir de de te parler euh face à face » qui introduit une nouvelle sous-séquence, la reconfiguration de l’espace interactionnel. Hernando profite en effet de cette évocation du face à face pour remettre en cause la disposition technico-corporelle de ses interlocutrices dont les visages n’apparaissent qu’en partie « mais juste ouais juste c’est que je vois un petit peu euh que la moitié de vos visages » accompagnant sa production verbale de gestes syllinguistiques iconiques représentant les contours de l’écran. Les interactantes procèdent alors à un ajustement physique – elles se rapprochent l’une de l’autre – et justifient verbo-gestuellement la difficulté de cadrage – gestes spatiographique et iconique. Cette justification est comprise et reprise par Hernando également verbo-gestuellement – gestes spatiographique représentant la place des corps et iconique représentant l’écran. La reconfiguration spatiale de l’écran ayant fait l’objet d’un accord entre les participants, il leur est possible de poursuivre vers le corps de l’interaction. La transition est produite par Hernando jetant un coup d’œil à son document didactique « alors euh dites-moi est-ce que vous avez reçu la vidéo/ ».

HV1O_V6 : Reconfiguration de l’espace interactionnel

Nous retrouvons ainsi au sein de cette séquence d’ouverture de première interaction synchrone, les sous-séquences précédemment identifiées : les salutations rapprochées, les présentations des participants, les salutations complémentaires, la reconfiguration de l’espace interactionnel. Cette dernière sous-séquence révèle que l’ajustement technico-corporel préalablement réalisé par les interactantes n’est pas jugé satisfaisant par leur interlocuteur et met en exergue la coopération nécessaire entre tous les participants à l’interaction à distance.

1.1.2      Organisation séquentielle de la clôture d’interaction vidéo

Suite au développement didactique en corps d’interaction, la séquence de clôture de cette première interaction par visio est initiée par les participants. Une pré-clôture précède la séquence de clôture et une post-clôture lui succède. Nous les analysons dans ce qui suit.

L’extrait vidéo incluant les séquences de pré-clôture, clôture et post-clôture est le suivant :

HV1C_V0 : séquence de clôture première visio

1.1.2.1     La pré-clôture

Carly initie la transition du corps de l’interaction vers sa clôture par le conclusif « voilà » et le recours au discours rapporté indirect libre accompagné d’un regard vers la source du discours, la déchargeant de l’imputabilité de la fin d’interaction « bah on on on vient d’avoir le la dernière minute la l’alerte de la dernière minute ». Ce signalement est confirmé par la co-participante de Berkeley « en effet c’est la dernière minute » se référant à une autre source – elle vérifie l’heure sur sa montre. Rappelons en effet que la durée de l’interaction est circonscrite dans la temporalité de la séance de didactique. Carly appuie sur la nécessité de clore l’interaction par une hétéro-reformulation modalisée « eh ben je crois qu’il faut terminer bientôt » et confirmée par Carly « oui c’est ça ».  L’ensemble de ces procédés vise à mettre en exergue le fait que les interactantes ne mettent pas fin à l’interaction par manque d’intérêt mais par nécessité et à ainsi ménager la face positive d’Hernando.

HV1C_V1 : séquence de pré-clôture

1.1.2.2     La clôture

 

Sous-séquence 1 : Évaluation de l’interaction

Dès lors que les participants annoncent l’imminence de la fin d’interaction, est initiée la sous-séquence d’évaluation. C’est Elaine qui émet en premier lieu l’évaluation positive de l’interaction, en la définissant comme une leçon « c’était vraiment un plaisir de d’avoir cette leçon », et justifiant son jugement « c’était très bien donné et ça ça ça m’a fait beaucoup penser ». Si Hernando renvoie l’évaluation positive « pareillement » dans sa SPP, il va principalement opérer une transformation du cadre de l’expérience (Goffman, 1991). Hernando rejette le cadre proposé par Elaine « bon c’était pas vraiment eu:h une leçon » pour en reformuler un autre « c’était plutôt euh une discussion ». Le premier rejet provoque le scepticisme chez Elaine qui l’exprime posturo-mimo-gestuellement (lève l’épaule, plisse la bouche, lève les sourcils et ferme les yeux). En revanche, la reformulation de cadre en discussion conduit à un accord verbal d’Elaine « voilà ». La justification de cadre d’Hernando « bon moi aussi j’ai appris beaucoup de choses » fait l’objet d’un accord et d’une appréciation de la part de Carly cette fois « d’accord merci ». Cette reformulation de cadre d’Hernando pourrait être source de FTA pour la face positive de ses interlocutrices, mais elle rétablit au contraire la symétrie dans l’interaction et s’apparenterait alors plus à un FFA pour Elaine et Carly. Dans le but de renforcer ce FFA, Hernando poursuit avec une évaluation positive « c’était très sympa très sympa de vous avoir » renvoyée par Elaine « pareillement ». Toutefois Hernando reprend dans son évaluation positive l’activité de définition de cadre de l’expérience « de discuter euh de pouvoir réfléchir ensemble sur un certain nombre de questions qui touchent à l’enseignement nos expériences » avant de conclure « c’était très bien ça ça m’a beaucoup plu ». Les interlocutrices d’Hernando perçoivent et ratifient la reformulation de cadre – « oui » et hochement de tête (Elaine), « oui d’accord » (Carly) – d’une part et l’évaluation positive d’autre part – « moi aussi » (Elaine).

HV1C_V2 : Évaluation de l’interaction

Sous-séquence 2 : Acte de projet

L’évaluation-définition de l’interaction ayant fait l’objet d’un consensus de la part des participants, il leur est possible de prendre congé. L’étendue de ce congé nécessite d’être délimité ; il s’agit de produire un acte de projet de nouvelle rencontre. Celui-ci est proposé par Elaine sous la forme interrogative indirecte « et j` crois qu’on va se voir la s`maine prochaine » cherchant du regard le soutien de Carly. Ce projet ne tient pas seulement des interactants mais également du contexte d’interaction – le cours de didactique – et se trouve confirmé par Carly « oui la s`maine prochaine » et Hernando « oui la s`maine prochaine on se voit ». Elaine exprime alors son enthousiasme quant à cette prochaine rencontre « excellent ».

HV1C_V3 : Acte de projet

Sous-séquence 3 : acte de souhait

La nouvelle sous-séquence est de nouveau initiée par Elaine qui émet un acte de souhait à l’intention d’Hernando « ben euh passe un très bon week-end » qui le renvoie à ses deux interlocutrices « vous aussi ».

HV1O_V4 : Acte de souhait

Sous-séquence 4 : Salutation finale

Les participants procèdent, pour finir, aux salutations finales également introduites par Elaine « à la s`maine prochaine » et échoïsées par Carly « à la s`maine prochaine » qui l’accompagne d’un waving. S’en suivent une reprise de l’acte de souhait par Hernando et Carly « bon week-end » et de la salutation finale par Hernando « à la s`maine prochaine », ainsi qu’une deuxième forme de salutation finale « salut » par Hernando et Elaine et « bye » par Carly.

HV1C_V5 : Salutations finales

Par ces échanges à fonction euphorisante, les interactants œuvrent à se quitter harmonieusement. Rappelons toutefois qu’ils restent en situation de face-face physico-numérique tant qu’ils ne rompent la connexion qui les lie.

1.1.2.3     La post-clôture

Suite aux salutations finales, Hernando ne semble pas chercher à rompre la connexion, il en laisse la charge à ses interlocutrices mais se détourne progressivement de l’interaction avec elles. Si au cours de la sous-séquence de convergence en préouverture d’interaction, les interactants dirigent leurs regards les uns vers les autres et se sourient, au cours de la post-clôture, ils détournent au contraire les regards, commencent à cesser de sourire et se redressent, s’éloignant symboliquement les uns des autres. Le raccrochage fait sortir définitivement les visages de leur perception visuelle. Les participants peuvent alors quitter le lieu interactionnel physico-numérique.

HV1C_V6 : Post-clôture

1.2       Scénographie de la première interaction vidéo

Jusqu’à ce nouveau mode interactionnel, les participants entraient en interaction dans une temporalité différée. De ce fait, la voco-posturo-mimo-gestualité (VPMG) indicée à l’écran constituait une trace a posteriori d’une activité physico-numérique antérieure. Se produisait une rupture spatio-temporelle entre la façade primaire et la façade secondaire. Désormais, en interaction vidéo synchrone, la VPMG indicielle des façades secondaires est simultanée à la VPMG physique des façades primaires. Les interactants se voient et s’entendent en temps réel. Chacune de leur posture et mimique, chacun de leur geste sont instantanément retranscrits numériquement à l’écran de leur interlocuteur. Les façades secondaires se trouvent dès lors enrichies d’informations nouvelles et nombreuses à chaque instant de l’interaction. Les participants ne sont plus seulement en interaction verbale mais s’engagent dans un corps à corps physico-numérique. C’est pourquoi deux termes distincts sont employés par les participants pour qualifier leur activité en interaction asynchrone écrite et en interaction vidéo synchrone. Elaine mentionne l’interaction passée en ouverture de visio par « on a parlé la semaine dernière » faisant référence au forum et au tchat, tandis qu’elle évoque l’interaction à venir en clôture de visio par « j`crois qu’on va se voir la s`maine prochaine ». Bien que la teneur des conversations soit similaire, le verbe qualifiant l’activité en forum et tchat est « parler » alors que celui qualifiant l’activité en visio est « se voir ». Les modalités d’apparition des façades secondaires définissent l’activité des interactants.

Dès lors l’accent, en visio, est mis sur l’accessibilité des façades secondaires afin d’indicer au mieux l’activité des façades primaires. Aussi Hernando, insatisfait de la scénographie en ouverture d’interaction, cherche-t-il à « recadrer » les façades secondaires de ses co-participantes, leur demandant de recentrer les visages indicés à l’écran. Néanmoins, cette recherche de « recadrage » met en exergue l’importante divergence entre les façades primaires et secondaires. Pour Hernando il paraît simple et aisé de placer les deux visages numériques au centre du carré de l’écran vidéo mais pour Elaine et Carly il est délicat et inconfortable de placer leur corps si proches l’un de l’autre. Les façades primaires, de chair et de sensations, ne peuvent faire l’objet de déplacements et d’appositions tels que le peuvent les façades secondaires, de pixels et d’algorithmes. Les efforts technico-corporels fournis par les façades primaires au profit de leurs façades secondaires peuvent atteindre des limites.

Par ailleurs, les décors primaires des participants, indicés à l’écran, ont une étendue limitée. Si des composants de décor du laboratoire de langue de Berkeley sont indicés sur le décor secondaire d’Hernando, le décor primaire de ce dernier, indicé à l’écran de ses interlocutrices, ne possède d’autre composant qu’un mur blanc. Les décors secondaires par vidéo ne localisent pas avec finesse l’interactant. Les métadonnées Skype renseignent toutefois sur la ville et le pays de l’usager, par géolocalisation, à condition que l’information soit consultée par les participants. Aussi, pour définir les décors primaires, l’activité verbale des interactants est-elle nécessaire. En l’occurrence la localisation d’Hernando au moment de l’interaction vidéo synchrone fait l’objet d’une confusion. Lors des salutations complémentaires avec small talk météorologique, une définition du décor des participants est indispensable. Néanmoins Carly n’a pas connaissance du fait qu’Hernando vit à Strasbourg et Elaine ne sait plus s’il se trouve à Strasbourg ou à Lyon au moment de l’interaction. Les participants collaborent alors dans la redéfinition du décor primaire du locuteur.

Ainsi les interactants ne doivent se satisfaire des façades et décors secondaires en partie indicés par l’artefact et la plateforme numérique. Une collaboration supplémentaire entre les interactants est indispensable à la définition et la configuration de la scénographie de l’interaction, qu’elle passe par un ajustement technico-corporel ou une représentation verbale.

1.3       Processus identémique de la première interaction vidéo

L’interaction vidéo synchrone introduit dans la rencontre de nouveaux identèmes, de nature différente de ceux précédemment co-construits. Les interactants en possession d’identèmes verbaux écrits se trouvent face à des identèmes physiques corporels. Il s’agit de les associer les uns aux autres à condition de s’avoir à qui les attribuer. Or cette nouvelle interaction ne se fonde plus sur le dilogue auquel s’étaient accoutumés Hernando et Elaine mais sur un trilogue impliquant un nouvel individu, une nouvelle identité. Hernando part alors du postulat qu’il ne connaît aucune de ses interlocutrices, la présentation d’Elaine lui permettra de la ré-identifier. Toutefois, si l’ensemble des identèmes du champ biographique physique d’Elaine est rapidement inséré dans la matrice identitaire déjà bien fournie de celle-ci, les identèmes de Carly ne peuvent être assimilés à une matrice actuelle.

Hernando se trouve alors, concernant Carly, face à un ensemble de biographèmes physiques, un biographème d’état-civil, et des actèmes d’entrée en contact avec lui à introduire dans une matrice virtuelle. Il en va vraisemblablement de même concernant l’identité d’Hernando vis à vis de Carly – comme le révèle le fait qu’elle apprenne pendant l’interaction qu’il vit à Strasbourg. Ces deux participants ne font alors que débuter leur co-construction identitaire, pendant que celle d’Elaine et Hernando se trouve largement engagée. Une asymétrie relationnelle s’instaure dans cette rencontre à deux vitesses. Cette asymétrie pourrait être à l’origine d’une inégalité dans la production verbale. Il semblerait en effet qu’au cours des séquences d’ouverture et de clôture de cette première visio, les tours initiatifs et les engagements de sous-séquences aient principalement été produits par Elaine et Hernando. La matrice identitaire de Carly ne pourra pourtant être fournie qu’à condition de trouver sa place dans la rencontre. Notons en l’occurrence que lors de la sous-séquence de small talk météorologique il était possible pour Hernando de ratifier le biographème géographique de séjour à Lyon implicitement virtualisé par Carly ; ce qui n’a pas été le cas.

HV1C_Im1_matricec_AHV1C_Im1 : Matrice identitaire de Carly en interaction avec Hernando à l’instant T (visio1)

En revanche, l’actème en cours entre les participants a, quant à lui, attiré l’attention d’Hernando qui en redéfinissant l’actème de « leçon » à « discussion » a par là même déterminé le relationème de statut entre les participants – des pairs – établissant une symétrie interactionnelle entre tous. Il sera néanmoins indispensable, pour parfaire la symétrie relationnelle, que Carly se fasse connaître de son interlocuteur. Une collaboration entre les trois participants permettra d’étoffer les matrices identitaires et co-construire les identités des participants impliqués dans la rencontre afin de favoriser la relation intersubjective.

1.4       Réduction éidétique de la première interaction vidéo

La nouvelle forme de manifestation des sujets l’un à l’autre, en vidéo synchrone, modifie la relation perception-action jusqu’alors expérimentée par les sujets. Si précédemment l’action précédait la perception et en était la condition sine qua non à l’attestation d’existence, la perception prend désormais le pas sur l’action. Il est alors question de « se voir » et de « face à face ». Les sujets désirent avant tout saisir autrui visuellement. Percevoir et être perçu. Autrui n’est plus réduit à une trace de son action passée mais se meut en temps réel face au Soi. Pour autant, la perception ne saurait annihiler l’action. Rappelons que le visage s’exprime, que l’œil parle (Levinas, 1961), que le corps est vivant, en cours d’expérimentation (Streeck, 2013), polarisé par ses tâches (Merleau-Ponty, 1945). Dès lors, dans l’apparition tout est action.

En interaction vidéo, c’est alors le degré d’aura phénoménologique qui est augmenté par les informations sensorielles – visuelles, auditives, kinesthésiques – transmises et reçues technico-corporellement par les sujets. Le flux physico-numérique multimodal porte en lui la présence des sujets l’un à l’autre. Le maintien et l’entretien du flux énacte la présence. La présence est le flux.

Les lieux intersubjectifs se trouvent particulièrement liés et imbriqués. L’horizon des évènements interactionnels de cette rencontre s’avère étendu de par la coïncidence temporelle des évènements interactionnels de part et d’autre de l’écran ainsi que par la perception des sujets dans leur espace physique. En œuvrant à leur convergence, les sujets inter-énactent un lieu transsubjectif au sein duquel chacune des « forces en jeu au moment de l’action ; forces dont l’action fait partie » (Vitali-Rosati, 2016), constitue un trait organique de la transphanie des sujets.

2        La fin de la rencontre (dernière séance Skype)

Six semaines après la première interaction vidéo synchrone, les participants entrent une sixième et dernière fois en interaction par Skype. Nous observons en ce début d’ultime interaction deux sous-séquences : la pré-ouverture et l’ouverture.

2.1       Organisation séquentielle de la dernière interaction vidéo

2.1.1      Organisation séquentielle de l’ouverture d’interaction vidéo

L’extrait vidéo suivant inclut les séquences de pré-ouverture et ouverture :

HV6O_V0 : Ouverture Trinôme B dernière visio

2.1.1.1     La pré-ouverture

La séquence de pré-ouverture de cette nouvelle interaction entre Hernando, Carly et Elaine s’avère particulière en ce qu’elle se réalise au moyen d’une alternance entre plusieurs modes interactionnels – procédé que nous nommerons « mode switching ». L’interaction ne se déroule en effet pas immédiatement par vidéo mais est initiée par le mode tchat de Skype.

Sous-séquence 1 : Choix et identification de l’autre comme futur partenaire de l’interaction

Est opérée, en premier lieu, la sous-séquence de choix et identification du futur interlocuteur, et ce en deux temps distincts de préphase de repérage et de décision de saluer. En effet, Carly suite à sa connexion sur Skype, cherche à repérer le compte d’Hernando en faisant dérouler sa liste de contacts dans l’encart prévu à cet effet. À la vue de ce contact, Carly clique sur le technosigne qu’il constitue, accédant ainsi aux détails du compte. Hernando y apparaît « offline » et l’icône d’appel vidéo est inaccessible. Le futur interlocuteur de Carly et Elaine n’est pas disponible en ligne pour une interaction vidéo. Dès lors, Carly suspend sa décision de saluer. Elle se met en situation de surveillance. Cet état relève de la notion d’awareness, « l’ensemble des pratiques qui, dans des activités coopératives, autorise l’ajustement des agents et la régulation collaborative de l’action de façon tacite et non intrusive » (Schmidt, 2002). L’awareness s’organise en deux procédures complémentaires ; la surveillance de l’activité des autres interactants en ligne et la mise en visibilité de sa propre activité (Ibid.). Ici, Carly rend visible sa connexion à Skype et surveille l’état de la connexion d’Hernando. L’attente prend fin lorsqu’Hernando se connecte à la plateforme – connexion signalée par un pop-up numérique et une modification des métadonnées (« online » et icône verte pleine). Carly décide alors de saluer Hernando en émettant une salutation verbale écrite.

HV6O_V1 : Repérage et décision de saluer

 

Sous-séquence 2 : Organisation de la convergence

Salutation distante

La décision de saluer prise par Carly ne se traduit pas ici par le lancement de l’appel vidéo mais par l’émission d’un message tchat. Ce procédé tient de l’outeraction, à savoir « toute modalité d’échange distant visant à tester la disponibilité des correspondants ou relevant d’une forme de coordination » (Denouël, 2008 : 30). L’organisation de la convergence est donc ici opérée par le mode écrit autorisant l’asynchronie, Hernando n’est pas tenu de répondre immédiatement à la sollicitation de Carly. L’outeraction permet d’attirer l’attention de l’interlocuteur potentiel sans interrompre le cours des activités dans lesquelles il est engagé. La salutation produite par Carly « Salut ! Comment ça va ? » a pour fonction d’interroger la disponibilité d’Hernando. À réception de cette préface (Nardi et al., 2000) en outeraction, Hernando atteste de sa disponibilité et vérifie en retour la disponibilité de Carly en renvoyant les salutations « Bonjour. Ça va et toi ? ». La réponse positive de Carly « Oui ça va ! » autorise définitivement l’entrée en interaction entre les participants.

HV6O_V2 : Salutation distante

Approche initiale

Les participants ayant attesté leur disponibilité les uns envers les autres, l’organisation de la convergence peut se poursuivre par le lancement de l’appel vidéo. Ce dernier est annoncé verbalement à l’écrit par Hernando à la forme affirmative « Cool on lance la vidéo ». Le lancement de l’appel par Hernando modifie l’aspect de l’interface alors consacrée à l’appel. S’affiche l’avatar de Carly qui apparaît modifié depuis la première séance. Il ne s’agit plus de la photo prise par les deux participantes à la première séance mais d’une photo personnelle de Carly. Simultanément s’affiche la vidéo synchrone d’Hernando lui permettant de réajuster le cadrage de son apparition à l’écran, en réajustant l’artefact.

HV6O_V3 : Approche initiale

Sous-séquence 3 : Construction d’un espace-interactionnel commun

Approche finale

Carly et Elaine confirment leur volonté d’entrer en interaction avec Hernando en décrochant à son appel vidéo. Les avatars laissent place aux vidéos synchrones sur les deux écrans. Néanmoins, la vidéo de Carly et Elaine révèle des participantes affairées. Elaine n’apparaît quasiment pas à l’écran et Carly apparaît en plein ajustement de son casque. Durant l’approche finale, les interactantes gèrent l’ajustement de leurs artefacts – ordinateur et casques – sous le regard d’Hernando.

HV6O_V4 : Approche finale

Cette séquence de préouverture révèle ainsi la coopération des participants dans leur entrée en interaction. Le passage de l’indisponibilité à l’engagement réciproque se réalise par une convergence progressive. Au décrochage, les participants peuvent se permettre de ne pas entrer mimo-verbalement en interaction dans la mesure où leur engagement a déjà fait l’objet d’une ratification. Les interactants peuvent poursuivre l’aménagement de leur espace-temps interactionnel sans menacer, par le détournement d’attention, les faces impliquées.

2.1.1.2     L’ouverture

L’interaction ne s’ouvre donc pas sur des salutations rapprochées mais sur la reconfiguration de l’espace-temps interactionnel de part et d’autre de l’écran.

Sous-séquence 1 : Reconfiguration de l’espace-temps interactionnel

Les deux co-participantes poursuivent leur ajustement technique ; Hernando dans l’attente, entreprend d’en faire de même. Il fait alors appel à un tiers afin de s’assurer du bon fonctionnement de son enregistrement d’écran – en l’occurrence de l’intégration de l’enregistrement audio « euh l’audio c’était où/ ». Par cet acte, Hernando introduit dans la configuration une interaction concurrente. Si le détournement de l’écran ne constituait pas une gêne lorsqu’il était partagé par ses co-participantes, il devient problématique quand ces dernières entament une activité verbale. Bien que la production orale de Carly « il marche pas » soit adressée à Elaine, Hernando ressent la nécessité d’attester du maintien de son engagement dans l’interaction avec elle, et leur adresse une salutation « Bonjour ». Cette salutation verbale audio-réactive ne trouvera pas écho auprès de Carly et Elaine. Chacun poursuit sa reconfiguration technique de l’espace-temps interactionnel.

HV6O_V5 : Reconfiguration de l’espace interactionnel

Sous-séquence 2 : Salutations rapprochées et complémentaires

Dès lors qu’est confirmé le bon fonctionnement des artefacts et leurs réglages appropriés, les participants convergent de nouveau. En effet, deux échanges closent la sous-séquence de reconfiguration spatio-temporelle, la SPP d’Hernando envers le tiers « c’est bon » à la FPP « non c’est bon j’ai vérifié » et la SPP de Carly envers Elaine « oui d’accord » à la FPP « ça marche pour toi/ ». Hernando dirige de nouveau son regard vers ses interlocutrices et leur sourit. Carly sourit et émet une salutation « bonjour » échoïsée par Elaine qui reprend place face à l’écran. Bien qu’Hernando produise en retour une salutation complémentaire « ça va/ » en souriant, son regard n’est plus dirigé vers ses interlocutrices. Et les salutations complémentaires de Carly et Elaine à l’endroit d’Hernando « oui ça va » et « oui et toi/ » ne trouvent pas de réponse.

HV6O_V6 : Salutations rapprochées

Sous-séquence 3 : Nouvelle reconfiguration de l’espace-temps interactionnel

Le silence d’Hernando trouve origine dans le fait que celui-ci est de nouveau en phase de configuration de son espace interactionnel. Hernando cherche à augmenter le volume de l’artefact mais n’y parvient pas car il n’est pas familier de cet ordinateur. Son silence remet en cause pour Carly et Elaine le bon fonctionnement de la connexion. Elles s’engagent dans une tentative d’évaluation de la configuration technique et cherchent à entrer en relation verbale avec Hernando d’abord oralement « ça va/ tu m’entends/ » (Carly) puis à l’écrit par un nouveau mode switching vers le tchat. À l’échec de l’interaction verbale, Carly ouvre en effet la fenêtre de messagerie écrite Skype. La tentative d’interaction transmodale prend fin lorsqu’Hernando parvient à régler le volume et rend accountable son action en la verbalisant auprès de ses interlocutrices « j` montais juste le son ». Elaine vérifie le bon fonctionnement « oui ça marche/ » confirmé par Hernando « oui ». La crainte de Carly de ne pouvoir surpasser les difficultés techniques est dissipée. La configuration de l’espace-temps interactionnel prend fin.

HV6O_V7 : nouvelle reconfiguration

Sous-séquence 4 : Commentaire de façade/décor

L’espace-temps interactionnel configuré, Hernando initie un commentaire du décor à partir duquel a lieu l’interaction pour lui. Par ce commentaire verbo-gestuel figuré « et aujourd’hui comme d’habitude un autre décor », Hernando met en exergue la diversité de ses lieux subjectifs interactionnels. Mais ce commentaire ne renseigne pas ses interlocutrices sur le lieu où se trouve Hernando. À l’interrogation d’Elaine « tu es tu es où/ », la réponse d’Hernando « à l’ENS » introduit la confusion et accentue l’aspect mobile des interactions avec Hernando. À l’inverse le décor de Carly et Elaine n’est pas abordé dans la mesure où il s’agit de la sixième séance d’interaction vidéo et que chacune de ces séances s’est déroulée dans le même décor primaire pour elles.

HV6O_V8 : Commentaire de décor

Il s’agit ici de la dernière sous-séquence d’ouverture, y succèdera une conversation sur le topic de la situation géographique d’Hernando et le développement de l’activité didactique.

Ainsi cette séquence d’ouverture forme avant tout le lieu de reconfiguration de l’espace-temps interactionnel au moyen d’ajustements technico-corporels des deux partis de l’interaction – Hernando d’une part, Carly et Elaine d’autre part. Ces ajustements ne peuvent être réalisés de façon indépendante que dans une certaine limite. Lorsque l’engagement semble rompu, il apparaît nécessaire pour les participants de le renouveler soit par transmodalité soit en rendant verbalement son action accountable. Dès lors que la configuration fait l’objet d’un consensus, le corps de l’interaction peut se développer.

2.1.2      Organisation séquentielle de la clôture d’interaction vidéo

Le corps de l’interaction fondé sur l’activité didactique est volontairement interrompu par Hernando qui initie une pré-clôture menant vers la clôture de cette ultime interaction à distance entre les participants.

L’extrait vidéo suivant inclut les séquences de pré-clôture, clôture et post-clôture et débute par le dernier tour du corps de l’interaction[1] :

HV6C_V0 : séquence de clôture première visio

2.1.2.1     La pré-clôture

Elaine est en cours de production verbale sur le topic de l’activité didactique tandis qu’Hernando est interpelé par les actions se déroulant dans son lieu subjectif. En effet d’autres participants partageant la même salle qu’Hernando ont achevé leur interaction par écran et commencent à quitter les lieux. Ces mouvements attirent l’attention d’Hernando qui détourne le regard et le visage de l’écran. Le tour d’Elaine achevé, Hernando émet le conclusif « voilà » et cherche à accorder la temporalité de son lieu subjectif avec celle du mi-lieu transsubjectif qui le lie à ses co-participantes. Aussi les interroge-t-il quant au temps qui leur est imparti « donc après je ne sais pas au niveau du temps ». Les interlocutrices d’Hernando confirment la fin imminente du temps imparti à l’interaction « je crois qu’on a deux minutes » (Elaine), « il nous reste deux minutes » (Carly). Cette confirmation conforte Hernando dans sa proposition de pré-clôture « bon euh je pense qu’on on pourrait prendre euh on va pas insister sur l’activité ». Hernando justifie et limite les conséquences de la clôture d’interaction avant la fin de son activité didactique « c’était juste en complémentarité avec euh la vôtre ». Les excuses d’Elaine « désolée hein de d’avoir pris trop de temps » conduisent à une première évaluation positive de l’interaction par Hernando « non non pas du tout c’était très intéressant et euh on je pense qu’on a bien enchaîné sur euh sur ce que sur la vidéo qu’on a vue ». Une nouvelle annonce de la clôture par Hernando précise la teneur des échanges à suivre « ouais moi je j’aimerais bien euh prendre ce temps pour vous remercier de cet échange ». Ainsi Hernando ne souhaite pas seulement évaluer l’interaction qui vient de se dérouler mais la rencontre dans son ensemble.

HV6C_V1 : séquence de pré-clôture

Il est possible dans cette séquence d’observer l’importante gestualité d’Hernando – gestualité qui cependant n’apparaît pas à l’écran de ses interlocutrices sans compromettre la compréhension verbale, en ce qu’elle est plus à fonction énonciative.

2.1.2.2     La clôture

 

Sous-séquence 1 : Évaluation de l’interaction

L’évaluation positive de la rencontre, initiée par Hernando, se réalise en deux temps. En premier lieu les interactants dressent un bilan positif de la teneur des conversations. Hernando souligne la qualité des interventions « c’était très euh c’était très agréable donc euh je pense qu’on a eu plein d’idées euh ça m’a beaucoup enrichi et euh mais j’étais ravi ». Le tour de parole d’Hernando est ponctué de back channel signals verbo-gestuels émis par Carly et Elaine exprimant leur partage d’évaluation positive de la rencontre. Elaine développe ensuite sa propre évaluation positive « les discussions étaient riches euh et euh aimables et donc euh c’était c’était vraiment un plaisir de de parler avec toi ». L’évaluation porte en second lieu sur la rencontre interindividuelle. Hernando produit un FFA à l’endroit des faces positives de ses interlocutrices en exprimant son plaisir à les avoir rencontrées « moi je suis ravi euh d’avoir fait euh vos connaissances ».

HV6C_V2 : Évaluation de l’interaction

Sous-séquence 2 : Acte de projet

Les interactants ne pouvant plus projeter la prochaine interaction à la semaine suivante, Hernando propose une forme de projet plus ouverte ; garder le contact. Sa proposition générale « après si vous voulez on peut justement euh euh garder des contacts euh pour d’autres discussions etcetera » suscite l’intérêt de ses interlocutrices qui cherchent à concrétiser ce projet par la communication réciproque des adresses mail. S’ouvre alors une communication transmodale ; les participants recourent à la fenêtre de tchat tout en maintenant l’interaction vidéo pour rédiger et se transmettre leurs adresses mail. Parallèlement à cette activité, Carly propose une autre forme de projet : la rencontre non-distancielle. Carly annonce en effet une potentielle présence future en France « c’est tout à fait probable que probable que je sois en France l’année l’année suivante ». Cette annonce de projet suscite l’enthousiasme d’Elaine « ouai::s » et la formulation explicite de proposition de rencontre d’Hernando « mais c’est bien donc après euh enfin moi je s:erai là on on peut essayer de de se voir avec plaisir ». Cet acte de projet entre deux des participants fait l’objet de commentaire de la part de la troisième. Elaine exprime en effet avec humour sa jalousie « si ça se passe il faut que tu m’appelles hein tu m’envoies un sms pour me dire que vous passez du temps ensemble je serai très jalouse » (en riant). Carly s’inscrit également dans le commentaire humoristique sur cette potentielle rencontre non-distancielle « si ça se fait vraiment euh ça c’est tu es tu es plus qu’une euh qu’un torse » provoquant le rire des autres participants. Suite à quoi, les interactants poursuivent l’échange d’adresses mail.

HV6C_V3 : Acte de projet

Sous-séquence 3 : Salutation Finales / Souhait

La relative concrétisation de l’acte de projet ainsi que la production verbale de l’enseignant de Berkeley « ok », pressent la clôture d’interaction. Les participants initient alors les salutations finales par des gestes de waving accompagnés de remerciements mutuels. Suite à ces remerciements, Elaine initie l’acte de souhait « bon weekend » auquel Hernando répondra autant par le souhait que par le projet « à bientôt bon weekend ». S’en suivent des salutations finales simples « salut » et « au revoir ». Par là les interactants font fi de l’imprévisible temporalité qui les sépare d’une potentielle nouvelle interaction. Ils réduisent ainsi l’impact de la rupture induite par cette ultime clôture d’interaction encadrée.

HV6C_V4 : Salutations finales / souhait

2.1.2.1     La post-clôture

Après ces dernières salutations finales, Carly et Elaine rompent le face à face physico-numérique en détournant les regards et cliquant sur le technosigne de raccrochage vidéo. Hernando se détourne physiquement de son écran pour engager une activité dans son lieu physique subjectif. Il nous est possible de percevoir le comportement verbal simultané de Carly et Elaine. Ces dernières, après avoir raccroché, expriment leur tristesse quant au fait de ne plus interagir avec Hernando dans le cadre de cet échange Lyon-Berkeley. Elaine émet une interjection émotive « o::h » appuyée par Carly « I know I’ll miss him ».

HV6C_V5 : Post-clôture

2.2       Scénographie de la dernière interaction vidéo

Par leurs rendez-vous physico-numériques successifs, au cours des six semaines de visio hebdomadaire, les participants ont développé des stratégies de construction progressive de la scénographie interactionnelle. Un passage graduel des coulisses à la scène énonciative autorise les participants à vérifier leur disponibilité et attester de leur « état de parole ouvert » (Goffman, 1987) avant de s’engager dans une interaction commune.

En premier lieu, par le procédé de « surveillance », un participant peut sur son décor secondaire observer l’état de la façade secondaire de son interlocuteur. Au cours de cette surveillance, le participant est dans l’attente que son interlocuteur se rende disponible et mette en action sa façade primaire – action qui sera indicée par la façade secondaire sur le décor secondaire.

En second lieu, la perception de la façade secondaire active implique une possible entrée en interaction. Il serait alors envisageable d’émettre un appel, à l’instar des routines du premier trinôme étudié. Néanmoins, la présence d’une façade secondaire n’implique pas nécessairement une volonté d’entrée en interaction de la façade primaire. Aussi le participant en surveillance a-t-il un autre recours lui permettant de vérifier la disponibilité de son futur interlocuteur : la circonscription de l’échange dans le décor secondaire en asynchronie. En effet, l’échange par tchat ne dépasse pas les décors secondaires. Aucune voco-posturo-mimo-gestualité n’affecte le décor primaire de l’interlocuteur adressé par écrit, contrairement à un appel vidéo qui impliquerait des signaux sonores (sonnerie d’appel et voix des participants). Par ailleurs le futur interlocuteur n’est pas tenu de répondre instantanément. Ce mode asynchrone écrit se révèle moins intrusif que l’interaction vidéo de par le fait qu’il ne touche qu’au décor secondaire. Le futur interlocuteur ainsi sollicité donnera accès à son décor primaire à sa convenance. Notons à ce sujet que le port de casque par les participantes de Berkeley tient de la même problématique. Il s’agit pour elles, qui partagent leur décor primaire avec d’autres participants, de circonscrire les signaux interactionnels dans le décor secondaire uniquement.

L’accès audio-visuel au décor primaire de l’interlocuteur qui l’a autorisé peut éclairer ses co-participants sur sa localisation. Cette dernière reste toute relative en raison du cadrage limité et du caractère statique de ces interactions vidéo. Les interactants demeurent assis à leur bureau durant toute l’interaction et le champ de la webcam s’avère particulièrement restreint. Aussi, même si le décor primaire d’un locuteur change fondamentalement pour lui (de son salon à Strasbourg à la salle de classe à Lyon), le décor secondaire n’en est que peu révélateur. C’est pourquoi, nombreuses sont les sous-séquences de définition verbale des décors primaires auto ou hétéro-initiées. Le décor primaire constituant l’environnement physique depuis lequel le locuteur interagit, il semble nécessaire pour les interactants de le caractériser afin d’en déduire les comportements attendus ou prévisibles de chacun.

Ainsi, il apparaît que depuis la façade primaire du locuteur dans son décor primaire à la façade primaire de son interlocuteur dans le sien, les façades secondaires dans les décors secondaires font figure d’interface. L’interfaçade consiste alors en des activités technico-corporelles de mise en scène de l’interaction physico-numérique.

2.3       Processus identémique de la dernière interaction vidéo

Six semaines d’interaction vidéo hebdomadaire ont largement participé à la co-construction des matrices identitaires. Les identèmes de chacun ont été réelisés, dans leur majorité, par les co-participants. Aussi identité pour soi et identité pour autrui coïncident-elles. La reconnaissance intersubjective apparaît effective. Dès lors l’objet principal des interactions ne tient plus de la découverte identitaire mais de l’appréciation des qualités intersubjectives ainsi révélées. En témoignent les nombreux échanges à fonction euphorisante émis par les participants tant en ouverture qu’en clôture d’interaction exprimant le plaisir éprouvé à la rencontre interindividuelle.

Pour autant, les identités ne peuvent être perçues comme fixes et statiques. Au contraire, chaque interaction, voire chaque instant de l’interaction, les façonne encore. La co-construction identitaire tient d’une dynamique incessante de réelisation des identèmes. Rappelons en effet que la rencontre forme le lieu « où se joue et se rejoue, de façon largement pré-réfléchie, notre contact avec notre monde, nos prochains et nous-mêmes » (Vannotti & Gennart, 2014 : 1).

Par leur collaboration, les trois participants entretiennent la virtualisation et la réelisation des biographèmes, actèmes et relationèmes de chacun d’eux. Ils participent conjointement à la satisfaction des besoins inhérents au processus identitaire – existence, intégration, valorisation, contrôle, individuation. La co-construction identitaire des participants les engage dans une relation intersubjective de laquelle il leur est désormais difficile de se détacher.

2.4       Réduction éidétique de la dernière interaction vidéo

La construction progressive de la scénographie interactionnelle par les sujets se fonde sur la convergence des diverses modalités d’accomplissement des espaces-temps impliqués dans l’interaction. Après subjectivisation de leur lieu objectif par protophanie, les sujets cherchent à se faire apparaître mutuellement dans leur lieu subjectif par hétérophanie. Émergent alors les lieux intersubjectifs desquels il leur est possible d’agir successivement l’un sur l’autre. En autorisant ces actions intersubjectives et en attestant de leur réceptivité, les sujets poursuivent leur convergence et initient l’inter-énaction du mi-lieu interactionnel. L’acte conjoint de transphanie implique une interaction dynamique des sujets interdépendante des arrangements technico-corporels réalisés par chacun.

De même, la déconstruction de la scénographie interactionnelle repose sur la convergence des lieux objectifs, subjectifs, intersubjectifs et du mi-lieu transsubjectif. Il s’agit pour les sujets d’accorder la temporalité de ces lieux. Dès lors que des manifestations extérieures à l’interaction rappellent les sujets à leur lieu subjectif (en l’occurrence la salle de classe), il leur est nécessaire de redéfinir la temporalité du mi-lieu transsubjectif (l’interaction physico-numérique). L’heure géographique du lieu subjectif implique la fin de la séance dans le lieu subjectif, la fin de la connexion dans le lieu intersubjectif, et donc la fin de l’interaction sur le mi-lieu intersubjectif. Ainsi les lieux de l’interaction physico-numérique font l’objet d’une interconnexion structurante.

Nous évoquions précédemment le degré d’aura phénoménologique de ces interactions vidéo synchrones augmenté par les informations sensorielles – visuelles, auditives, kinesthésiques – transmises et reçues technico-corporellement par les sujets. Cette aura phénoménologique rencontre toutefois ses limites dans le cadrage statique et restreint des vidéos des sujets. En effet, aucun accès visuel au reste du corps ou de l’environnement n’est permis dans les interactions menées par les sujets. Il leur serait pourtant possible, dans l’absolu, d’étendre techniquement ou corporellement les champs perceptifs, notamment en déplaçant son corps ou en changeant l’artefact d’angle. C’est a priori le cadre formel de la rencontre qui configure ses interactions relativement statiques. Aussi, l’évocation d’une potentielle interaction dans le lieu subjectif de l’un des sujets met en exergue une augmentation possible du degré d’aura phénoménologique par accès visuel à l’ensemble du corps et non plus seulement une partie (pour voir que le sujet « est plus qu’un torse »). Cette évocation révèle par ailleurs l’importance accordée à la perception physique des sujets dans la rencontre. Les sujets parlants aspirent à être des sujets voyants.

La rencontre des sujets initialement fondée sur la manifestation de soi, s’est développée avec la connaissance d’autrui puis la reconnaissance intersubjective. Une forme de sympathie a pu alors se dessiner. Il apparaît désormais, en cette fin de rencontre, que les sujets éprouvent de l’attachement les uns envers les autres. En se rendant visibles, disponibles et engagés, les sujets ont donné sens à leur rencontre. Ils ont donné un sens identitaire, relationnel, transsubjectif à leur expérience physico-numérique.


[1] Notons que la capture dynamique de l’écran d’Hernando s’est désactivée à son insu au cours de l’interaction

[1] Nous avons coupé la séquence d’attente entre l’acceptation de contact et la réception de l’appel (2 minutes sans action à l’écran).

[2] Hernando suivant ce cours de didactique principalement à distance a mésinterprété la consigne de création de compte. Précisons qu’il ne s’agit cependant pas de son compte personnel Skype.



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